Se construire une bulle pour vaincre son stress au piano

« Un seul auditeur suffit à altérer le rendu de son jeu. »

– Moi 😅

 

Pourquoi cet article ?

  • Plusieurs pianistes m’ont déjà fait part de leur frustration à se laisser envahir par le stress dès qu’ils se savent écoutés. Je pose donc ici quelques pistes identifiées au cours du temps.
  • Parvenir à reproduire en public ce qu’on a pris tant de plaisir à jouer seul. Problématique que je rencontre sur certains morceaux classiques nécessitant précision d’exécution (nuances, rubato..) et ne laissant que très peu de marge d’erreur.

Jouer en public, pourquoi s’y confronter ?

Partager son jeu, vecteur de plaisir et source de motivation

Une activité individuelle nourrissante

Jouer d’un instrument procure un bien-être inouï. Déconnexion, apaisement, jouissance du moment présent, dépassement de soi… Voilà ce qui personnellement me conduit tout naturellement vers mon piano au quotidien, sans contrainte, sans sentiment d’avoir à « travailler mon piano ». Quelques clés techniques en main, et résoudre des points de blocage d’un morceau devient alors un jeu de détective. Main trop affaissé ou trop crispée, avant-bras mal équilibré, pieds mal ancrés, un groupement de notes mal intellectualisé etc… Constituez votre propre boîte à outils !

Quoi de plus grisant que de parvenir à résoudre soi-même ses difficultés ? Progression rime alors avec excitation. Jouer de la musique redevient alors un véritable jeu et la notion de travail disparaît. 

Jouer pour soi VS jouer pour d’autres

Si jouer pour soi procure un plaisir énorme, jouer pour d’autres peut être source de motivation supplémentaire ! Cela permet de se fixer d’autres objectifs, d’ouvrir son répertoire..

Partage et émotion

Pour partager une émotion, il faut déjà la ressentir soi-même. Afin de jouer pour d’autres, il faut donc déjà jouer.. pour soi ! Plus on éprouve de plaisir, plus c’est fluide, plus ça transpire.  

S’installer dans sa bulle

Nous y voilà, cette fameuse bulle.. On en parle souvent mais comment la construit-on et comment s’y installe-t-on au juste ? J’ai essayé de recenser ici quelques pistes.

1. Maîtriser son morceau lorsqu’on est seul 

Ça semble tellement évident mais c’est ce point est pourtant fondamental. Pour espérer jouer un morceau sans erreurs en public, il faut le maîtriser sans erreurs lorsqu’on est seul sur son piano. Il faut donc « l’avoir dans les mains ». Pendant longtemps convaincu du contraire j’ai finalement réalisé qu’aucun miracle ne se produisait en présence d’autres personnes, bien au contraire.. Les « parasites » additionnels visuels ou auditifs nous déstabilisent que davantage. 

2. Libérer son corps

Ne pas rester figé. La musique implique mouvement. Passer des graves aux aiguës implique un mouvement du buste de gauche à droite, impulsé par des jambes bien ancrées au sol. La recherche du rythme peut passer par un balancement d’avant en arrière, ou en cercle.

Se libérer de toute tension et rechercher le confort. Chaque intention musicale nécessite une posture particulière.

3. Centrer son attention sur son jeu

Une des techniques incontournables pour s’installer dans sa bulle (et y rester surtout !) consiste à se concentrer sur le son. Pour maintenir cette pleine conscience, on doit répéter tout au long du morceau une boucle qui se déroule 4 temps : intention (actif), action (actif), le piano produit un son (passif) et analyse (actif) du son produit pour ajustement si nécessaire.

 

Cette boucle est selon moi LA solution qui permet de s’isoler au mieux. Elle permet de faire abstraction des bruits ou des gestes émis par l’auditeur, des mauvaises interprétations comme un soupir qui peut laisser croire que l’auditeur s’ennuie, d’un bruit soudain qui peut nous sortir du morceau etc.. Le verre qui tombe au sol durant mes sessions pianos bar en est la plus belle illustration. L’idée est de tout de suite se recentrer sur son morceau. 

4. Ne plus se focaliser sur les détails

Le morceau abouti, tout le travail minutieux est derrière nous (quelle note appuyer, doigté, position de main..). Le morceau doit alors se trouver « dans nos mains ». Ce n’est pas le cas ? Retour au point 1 😉

Lors d’un discours, nous ne nous concentrons pas sur chacune des lettres qui composent chaque mot de la phrase. On va exprimer la phrase en la pensant dans sa globalité. Un morceau est un discours quelque part. On y parle de phrases d’ailleurs ce n’est pas un hasard. La mémoire gestuelle est une des choses les plus magiques et surprenantes du corps humain au piano. Lorsqu’on a un morceau en main, il suffit de se le chantonner intérieurement en jouant le corps réagit en fonction (montées, descentes, nuances..).

5. Ne pas se sentir jugé

Ne jamais se mettre dans la peau de l’auditeur. Qu’est-il en train de penser de moi, de la qualité de mon jeu, de ma technique, de ma position ? Il faut toujours rester dans sa propre peau, se dire que les autres sont avec nous et pas contre nous. Lorsqu’on se retrouve au piano face à un public (même une seule personne), c’est généralement soit parce qu’on nous l’a demandé (et donc on a envie de nous écouter), soit car ça nous fait plaisir de partager ça avec d’autres (auquel cas on choisit l’audience). 

Jouer pour d’autres et non devant d’autres change la perspective du moment et devient beaucoup moins stressant. Cela ouvre une toute autre dimension à sa pratique musicale et procure le sentiment de transmettre aux autres le plaisir que l’on ressent soi-même. 

 

D’autres trucs et astuces à me faire part ? Vos commentaires sont les bienvenus ! 🙂

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Pour finir en musique

 

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